Intolérances alimentaires : les faits !

Les intolérances alimentaires : les faits
Depuis les 20 dernières années, les intolérances alimentaires ont significativement augmenté dans la population. En effet, 20-35% des gens rapportent des symptômes suite à la consommation de certains aliments. Ceci peut avoir un impact considérable sur les restrictions alimentaires et affecter sur le long cours la qualité de vie, contribuer au développement de trouble alimentaire et à un déséquilibre de la flore intestinale. Les intolérances alimentaires sont souvent auto-diagnostiquées sans consultation auprès de professionnels médicaux et sont par le fait même, mal gérées. Il faut comprendre avant tout, que les intolérances alimentaires ont une cause sous-jacente et sont rarement statiques dans le temps. Aucun test de laboratoire à ce jour n’est reconnu par la communauté médicale. Un encadrement par une nutritionniste s’avère essentielle afin de vous encadrer dans le type d’alimentation appropriée, dans la réintroduction s’il y a lieu et afin d’assurer une alimentation nutritive.
Voici quelques intolérances communément rencontrées dans ma pratique en nutrition fonctionnelle :
Sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC)
La sensibilité au gluten non cœliaque est bel et bien une condition reconnue. Les individus atteints peuvent ressentir des symptômes intestinaux ou extra-intestinaux suite à la consommation de gluten. Il faut toutefois comprendre que les personnes qui réagissent au fructanes (sucre du blé), qui est plutôt un FODMAP, ne sont pas atteints nécessairement de cette condition. De plus, après 1 an ou 2 ans de diète sans gluten, certains individus peuvent consommer du gluten à nouveau sans problème. Il n’existe pas de test de laboratoire reconnu pour effectuer le diagnostic. Celui-ci se veut un diagnostic d’exclusion effectué par votre médecin. La méthode la plus efficace pour évaluer la présence de SGNC est la diète d’élimination d’au moins 6 semaines avec une amélioration des symptômes. Les symptômes typiques de la SGNC sont :
- Gastro-intestinaux : Ballonnements, douleur abdominale, diarrhée, nausée
- Extra-intestinaux : Brouillard mental, fatigue, maux de tête, dépression
Il est primordial avant de débuter une diète sans gluten de consulter votre médecin et d’effectuer les tests nécessaires afin d’exclure une possible maladie cœliaque. La diète sans gluten peut tout à fait contribuer à une alimentation saine et nutritive. Toutefois, avec tous les produits transformés sur le marché, il peut toutefois être difficile de s’y retrouver et ceci peut amener un déséquilibre nutritionnel. Particulièrement, l’apport en fibres est fréquemment réduit, ce qui peut affecter la santé du microbiote.
Les causes de la SGNC sont encore peu connues mais impliqueraient une réaction du système immunitaire, un déséquilibre entre les bonnes et moins bonnes bactéries du microbiote et un possible lien avec la barrière intestinale qui serait altérée. De plus, d’autres protéines contenues dans le blé pourraient également être à l’origine de ces réactions.
Dans ma pratique, je constate que lors de la réintroduction du gluten, certains types de blé sont mieux tolérés que d’autres chez certaines personnes. L’encadrement d’une nutritionniste est précieux afin de bien évaluer la pertinence de faire une diète d’élimination et de gérer adéquatement la réintroduction pour éviter les restrictions inutiles. De même, bien que la diète d’élimination puisse soulager les symptômes, l’approche en nutrition fonctionnelle permet de travailler en amont les causes possibles de ces débalancements afin d’optimiser la santé.
Intolérances aux FODMAPs
Les FODMAPs ont gagné en popularité depuis les 10 dernières années. Ils comprennent des catégories de de sucres qui peuvent, chez certains individus fragiles, provoquer la malabsorption de ceux-ci et induire divers symptômes gastro-intestinaux. La diète sans FODMAPs est souvent recommandée pour les gens atteints du syndrome du colon irritable. Elle est très contraignante et peut grandement affecter la qualité de vie des gens atteints. Un encadrement par une nutritionniste est recommandé afin de cibler la méthode qui sera utilisée pour réduire les FODMAPs. Par expérience, la diète permet de soulager les symptômes à court terme mais ne règle pas le problème sur le long terme pour une grande majorité de gens. De plus, la réintroduction des différentes catégories de FODMAPs se fait souvent difficilement dans le quotidien et se veut un exercice complexe à appliquer dans l’alimentation de façon optimale.
Outre ses bienfaits à court terme, les dernières études sur le sujet mentionnent un changement défavorable du microbiote chez les gens qui suivent une diète sans FODMAPs, et ce, après seulement un mois, en réduisant la quantité de bifidobactéries. De plus, le manque de variété alimentaire expose les individus à des risques de déficiences nutritionnelles. L’ajout de restrictions alimentaires multiples devient un réel casse-tête alimentaire. Il ne faut pas oublier que cette diète d’élimination comme bien d’autre peut affecter le statut émotionnel des gens et créer un certain stress ou même une détresse.
Intolérance à la caséine
La caséine, une protéine majeure du lait de vache, peut provoquer une réaction d'hypersensibilité chez certaines personnes, entraînant divers symptômes gastro-intestinaux, notamment des douleurs abdominales, des ballonnements, des diarrhées et des flatulences. De plus, il est reconnu que la caséine peut entraîner une inflammation intestinale accrue, comme le montrent des taux plus élevés de calprotectine fécale, un biomarqueur fréquemment associé aux troubles gastro-intestinaux. L’intolérance à la caséine du lait de vache est plus connue chez les nourrissons mais survient également chez les adultes. Il faut bien différencier l’intolérance au lactose (sucre du lait) de l’intolérance à la caséine (protéine du lait) étant donné que leurs symptômes peuvent être semblables. De plus, divers types de protéines dans le lait sont responsables de la manifestation des symptômes gastro-intestinaux et peut rendre parfois l’analyse complexe en lien avec les types de produits laitiers consommés et renforce la nécessité d'une approche personnalisée de la prise en charge diététique. Comme dans bien des cas de sensibilité alimentaire non allergique, les symptômes dans le cas d’une intolérance peuvent survenir jusqu’à 72h après la consommation de l’aliment en question et que celle-ci est dose-dépendante, donc que les symptômes peuvent augmenter selon la dose consommée.
Outres les symptômes intestinaux, l'intolérance à la caséine est de plus en plus associée à divers symptômes extra-intestinaux. Ces symptômes s'étendent au-delà du tractus gastro-intestinal, témoignant des réponses immunologiques complexes déclenchées par les protéines de caséine chez les personnes sensibles ou intolérantes. Notamment, chez l'adulte, la caséine peut déclencher des réactions cutanées et respiratoires, en grande partie dues à une sensibilisation gastro-intestinale antérieure aux protéines du lait de vache. Dans ma pratique comme nutritionniste, j’observe une association avec des cas d’eczéma, de constipation, d’inflammation au niveau de l’estomac et de sécrétion de mucus au niveau de la gorge. Bien évidemment, chaque individu est différent et les manifestations de l’intolérance à la caséine peuvent être vastes et différentes. Un encadrement auprès de votre nutritionniste est essentiel avant de tenter d’éliminer les produits laitiers, d’autant plus que ceux-ci comportent des nutriments importants pour la santé.
Intolérance à l'histamine
L’histamine est un amine biogène synthétisé par notre corps qui joue un rôle dans plusieurs fonctions biologiques. L’intolérance à l’histamine se veut une réaction non-immunologique qui résulte en un débalancement entre l’histamine libérée dans le corps (réaction allergique, alimentation, alcool, déséquilibre du microbiote) et une capacité réduite de métaboliser l’histamine. L’histamine est métabolisée par deux mécanismes biochimiques : la méthylation et la dégradation à l’aide d’un enzyme diamine oxidase (DAO) qui est produite par les intestins. Les données scientifiques récentes révèlent qu’une altération du microbiote et la présence accrue de certaines bactéries favorisent la sécrétion d’histamine dans l’intestin. L’activité compromise de l’enzyme DAO serait liée à une prédisposition génétique ou à des facteurs externes modifiant son activité. La prise d’un enzyme DAO lors de la consommation d’aliments contenant de l’histamine pourrait aider à sa dégradation mais son efficacité varie selon plusieurs facteurs et demeure de l’ordre de 50%. De plus, plusieurs pathologies impliquant l’intestin grêle et affectant l’intégrité de la muqueuse intestinale, peuvent résulter en une activité réduite de l’enzyme DAO. Par ailleurs, il est important de noter que certains médicaments peuvent inhiber l’activité de l’enzyme DAO.
Les symptômes associés avec l’intolérance à l’histamine inclus entre autres :
- Distension abdominale, diarrhée, constipation et douleurs abdominales
- Maux de tête
- Tachycardie
- Démangeaisons cutanées, urticaire, eczéma, rash cutané et sensation de chaleur au niveau de la peau
- Congestion nasale et rhinite.
Ces symptômes manquent de spécificité et son très difficiles à associer à l’intolérance à l’histamine. Il est recommandé de consulter votre médecin qui pourra effectuer le diagnostic.
Il existe des approches nutritionnelles permettant de prévenir et contrôler l’intolérance à l’histamine, soit en priorisant la consommation d’aliments faibles en histamine. Toutefois, l’efficacité de ce type de stratégie manque de preuve scientifique. La diète faible en histamine est complexe à appliquer et il n’existe pas de consensus sur le contenu en histamine des aliments ce qui rends l’analyse du traitement très difficile. Dans certains cas, le simple fait de retirer des aliments riches en histamine qui sont consommés au quotidien peut faire la différence. Dans d’autres cas plus complexe, le médecin peut vous proposer d’avoir recourt à des médicaments. Conclusion En conclusion, ce court texte permet de nuancer certaines intolérances alimentaires plus connues et de souligner l’importance de consulter votre médecin et nutritionniste avant d’entreprendre une démarche de diète d’élimination. Ainsi, vous pourrez assurer un processus sain qui soutient votre santé physique et mentale et ne vous met pas à risque de déficiences nutritionnelles.
Conclusion
En conclusion, ce court texte permet de nuancer certaines intolérances alimentaires plus connues et de souligner l’importance de consulter votre médecin et nutritionniste avant d’entreprendre une démarche de diète d’élimination. Ainsi, vous pourrez assurer un processus sain qui soutient votre santé physique et mentale et ne vous met pas à risque de déficiences nutritionnelles.